Industrialiser l’Afrique, la BAD s’en préoccupe. En effet, la Banque africaine de développement (BAD) a récemment adopté un programme ambitieux. Il porte sur l’électrification, l’alimentation, l’industrialisation et l’intégration des marchés régionaux. Le vice-président de cette institution revient sur ces objectifs. Interview.
Votre institution a élaboré sa stratégie annuelle qui devrait être déroulé d’ici 2025. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le nouveau président, qui vient de boucler sa première année à la tête de l’institution, a effectivement entamé des actions claires pour les prochaines années. D’abord, il faut électrifier le continent. Cela veut dire apporter lumière et énergie électrique à tous les Africains. Ensuite, il convient de nourrir l’Afrique et c’est le volet agricole du programme. Il faut intégrer l’Afrique. Sans intégration, nos marchés qui sont de petites tailles ne peuvent pas réaliser les économies d’échelle et atteindre la taille critique. Par ailleurs, nous devons renforcer l’industrialisation de l’Afrique. Nous ne pouvons pas vivre sans transformer les produits agricoles que nous avons et sans créer de la valeur. C’est ce qui nous permettra de résorber le chômage et d’offrir un emploi à l’ensemble des jeunes du continent. Enfin, l’objectif est également d’améliorer la qualité de vie des Africains.
S’inscrivent ils dans les Objectifs du développement durable (Odd) fixés par les Nations Unis?
Très certainement, les cinq axes que je viens d’énumérer cadrent parfaitement avec les Odd. C’est également vrai avec les objectifs des pays du continent. Pour la plupart des États africains, le problème de l’énergie est d’un enjeu crucial. Il s’agit d’avoir un mix d’énergies approprié, associant les énergies renouvelables à celles qualifiées de traditionnelles. Concernant le volet qui consiste à nourrir l’Afrique. Ce n’est pas nécessaire de rappeler que l’économie des pays africains est essentiellement basée sur le secteur agricole. Cependant, il est impératif de moderniser l’agriculture et d’en faire surtout un business. Ceux qui s’engagent dans le secteur, doivent être conscients qu’il s’agit d’affaires à rentabiliser, donc à gérer, dé- velopper, comme n’importe quel autre business.
Qu’est ce que l’Afrique gagne dans son industrialisation ?
S’agissant de l’industrialisation, l’objectif est évidemment de contribuer à la création d’emplois. Mais aucune industrialisation n’est possible sans énergie. Donc, il y a quelque part un lien direct entre l’industrialisation et l’énergie, de même qu’il y a un lien direct entre l’énergie et l’agro-industrie, laquelle est à la base de l’alimentation. Comme je l’ai dit tantôt, la réalisation de l’ensemble de ces objectifs doit s’inscrire dans un contexte de marché intégré, grâce notamment aux économies d’échelle.
Pourquoi est-il important d’avoir des marchés intégrés?
Produire pour un petit marché, engendre des coûts marginaux trop élevés, donc pas compétitifs. Plus le marché est large, plus les coûts marginaux sont faibles. Donc, c’est un élément important. Néanmoins, il faut toujours avoir à l’esprit que tous ces axes n’ont qu’un seul objectif : améliorer le niveau de vie des Africains dans le domaine social, de l’éducation, de la santé, etc. Laissez-moi préciser que chaque fois que nous accompagnons un projet, par exemple, en construisant une route, nous l’accompagnons d’une école, d’un centre de santé ou d’un marché. Tout cela est lié, et l’objectif ultime c’est certainement la réalisation des Odd.
Entretien réalisé par Kanzly MIDEH Coll : Landry Zahoré